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L'antre de Kcid
5 février 2006

Hurlement

Je me tiens fixé à distance de la barrière et j’observe l’œil curieux. Deux quidams se promènent au loin sur la passerelle. Le Soleil rougeoyant illumine la prairie desséchée et les flots glaçants. Le froid ronge un homme à côté de la palissade et le vide de ses pensées. La nuit naissante inonde le fjord d’un noir bleuté, fils d’un astre distant et des cieux. Aucune voix n’existe et aucun animal ne se manifeste. La vie semble être ankylosée par l’aridité glaciale et dérisoire face à celle, pullulante, des contrées tropicales. Les deux passants sont étrangers et absents de cet univers. Le vert des plantes est brûlé par les larmes de feu de l’étoile fuyante. Les détails s’effacent et laissent place aux flous pastel sanguinaires.

 

 Il ressent la solitude dans cette nature dégarnie par le créateur. Sa peur ondule dans son corps et fait vibrer son âme chétive. Des reflets cadavériques éclosent de sa chair, enfants de ses tourments et de cette terre dévastée. L’altération de son âme atrophiée prend une forme physique putride. Son visage, au teint blafard et éclairé par une lueur rubescente, devient fantomatique. Cet effroi prend une naissance corporelle au fond de ses poumons. Puis se jette, rageuse et puissante, à travers des cylindres organiques afin de se précipiter hors de l’enveloppe charnelle tremblante. Il crie.

 

 Angoissé et admiratif, je quitte Le Cri de Munch pour d’autres toiles.

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