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L'antre de Kcid
27 mars 2006

L'auteur

Je regarde à la fenêtre et je constate les intempéries. Ma main tient le rideau blanc et mes yeux balayent le jardin. Je me répète bêtement, quel temps maussade… Pourri serait le mot adéquat cependant. Je quitte la vitre où frappe la pluie avec mélodie pour m’asseoir à mon bureau.

 

 J’attrape un stylo encre et je vérifie qu’il reste assez pour écrire. Les feuilles blanches sont dans le deuxième tiroir, mon bras gauche y plonge.

 

 N’ai-je rien oublié ? Mon crâne repose sur mon bras droit, un réflexe chez moi notifiant une certaine réflexion, puis je me lève et baisse le volet. Ce n’est pas en restant dans ce monde qu’on en crée un autre. Je ne vois plus rien et je me dirige à tâtons vers ma chaise. Mes pas sont lents et pensés, je me concentre sur le siège et je le visualise mentalement. Mes doigts brassent l’air, ensuite je la touche, j’y suis arrivé et je ne bouge plus.

 

 Je lance mon bras droit en quête de ma lampe de travail. Les recherches, infructueuses au début, se révèlent payante par la suite. Le fil attrapé, mes doigts retrouvent l’interrupteur.

 

 Les rayons explosent de l’ampoule et je détourne mon visage. L’engin est braqué sur moi et je le dévie. Tout me parait prêt, enfin quoique. Installé confortablement, je pose mon stylo plume sur la page vide.

 

 Je ne sais même plus ce que je voulais écrire. Mes lèvres à demi closes soufflent sur ce papier « inspiration ». Je lève ma tête puis mes yeux dansent et ma bouche adjure maintenant. « Inspiration, viens ici ! Viens la ! ». Et la je ris tout seul. Seul comme un idiot qui se parle à lui-même, mais qui ne l’a pas déjà fait ? Je n’ai aucune idée en moi et l’originalité n’est pas ici à première vue. Quelle situation ridicule d’appeler l’inspiration, j’en glousse une dernière fois et me remet en position pour rédiger.

 

 Le stylo est tenu fermement par ma main, mais ce n’est pas ce détail ridicule qui va faire évoluer ma situation. Je l’observe et m’en approche. Il semble un peu usé pourtant il fonctionne très bien. Je suis attaché à cet objet et je trouve parfois que c’est absurde de lui prêter ce type de sentiment. « Ecris ». Surpris en premier par mes propres paroles, la joie se dessine sur mon visage fin. Je lance une nouvelle fois à mon compagnon de création l’ordre. « Ecris ! ». Quel sot je fais ! Il n’y a personne, donc aucune honte… Je prends un air ténébreux et jette un regard horrifique vers ce pauvre stylo innocent. La chaise repoussée debout, je hurle « Crée ! ».

 

 Je suis projeté dans un gigantesque boucan contre une paroi. Des douleurs horribles traversent mon corps de part en part. Je grogne et je me demande comment j’ai encore pu faire. Relevé, j’ouvre enfin les yeux sur la situation.

 

 Une coursive, de métal parait-il, s’offre à moi. Je ne comprends pas, qu’est ce donc que cela ? Je marche un peu et scrute les lieux. Je me tourne et me retourne sans cesse pour trouver des réponses.

 

 Fini les délires, Où suis-je ? J’ai peur. C’est quoi ce truc ? J’écoute, des bruits de pas, mon cœur s’emballe avec leurs rythmes. J’entends, cris d’horreur, explosions, tirs et des combats auxquels le terme prisonnier n’appartient pas.

 

 Je cours. Ma course résonne. Je veux voir personne. Mon esprit se perd.

 

 Des tirs inconnus passent au dessus de mon crâne et je sens une chaleur incroyable s’en dégager. Les traînées bleutées sont magnifiques et illuminent le plafond récemment défiguré. Les rafales deviennent folles et la rage s’identifie comme ma poursuivante.

 

 Je veux vivre. Etre Ivre. Ecrire un livre. M’enfuir

 

 J’évite une boule orangée immense qui finit sa course sur un mur. L’explosion et l’énergie dégagée me font perdre conscience et…

 

 Noir. Vide. Mais pourquoi le noir est-il un synonyme de néant ? Et le blanc ne pourrait-il pas l’être ? J’ai mal. Qui suis-je ? Où suis-je ? Quand sommes nous ?

 

 Deux individus me transportent en me laissant traîner par terre. On me déplace comme un cadavre, comme un objet sans valeur. Ils me croient mort…

 

 J’assemble mon esprit et rassemble mes forces tout en tentant de rester parfaitement inerte. Celui de gauche me tient avec une de ses quatre tentacules et celui de droite avec une patte maigre et cuirassée.

 

 Mon corps ne fait qu’un avec mon âme et surgit de sa torpeur. Je frappe mes adversaires, prenant leurs armes et faisant feu sans pitié. Impressionné par ma performance, je souris. Quel bêta je fais ! Je regarde tout de suite si je suis repéré immédiatement. Les cadavres de mes opposants gisent sur le sol et une fumée ainsi qu’une odeur fétide s’en dégagent.

 

 Je les quitte pour… Pour quoi ? Je ne sais pas où aller. Mais j’avance, car je veux rester libre et m’en sortir.

 

 J’ouvre une porte sans faire de bruit. Une personne est assise sur un siège et fait dos à l’ouverture. Je marche doucement dans sa direction en pointant mon pistolet. Mes pas sont lents et calculés. Je vais l’avoir. Le menacer. Le questionner et…

 

 Je sens une arme dans dos et je lache la mienne. On me pousse vers le bureau. L’individu se tourne vers moi… Je vois un monstre immonde. C’est indescriptible ! Je n’ai jamais vu pareille chose et mon estomac en est retourné. Des liquides écoeurants s’écoulent de sa carcasse nauséabonde. Je crois apercevoir des vers gluants sortir de ses membres… L’imagination ne peut pas créer cela et je croyais qu’il ne pourrait jamais y avoir d’image semblable. L’innommable est bien la.

 

 Mes longilignes bras tremblent et je les pose sur la table. Les doigts écartés, je tente de tenir le duel du regard. Son teint vitreux et ses plis graisseux répugnants agressent mes rétines. Je tiens.

 

 Non, je me sens mal. La folie va m’envahir ! La bête bondit et me plante une dague née de la putridité dans la main droite. Les paupières clauses, à genoux et la tête levée je rugis ma douleur et mon désespoir.

 

 Des larmes coulent, et ma haine s’évacue. Le sang a coulé sur les mots. Je ne sais pas si je dois m’en réjouir et me poser des questions sur mon état ou le monde. Je contemple ma feuille tachée par mon hémoglobine et la plume enfoncée dans ma paume.

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Commentaires
K
Les avis que j'ai eu sur ce texte sont quasiment tous assez bons. J'ai quelques repproches sur la forme. Je ne pensais pas l'avoir aussi bien réussi...
L'antre de Kcid
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