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L'antre de Kcid
3 avril 2006

Errant dans la nuit

J’ai récemment pris une nouvelle dose de L.S.D.-25, et pas dans l’unique but d’une référence ou hommage. Mon esprit s’ennuie et je crois entendre l’univers me chuchoter à travers les étoiles de le rejoindre. Je me balade dans les couloirs sombres de ma maison et observe les jets de lumières diffus projetés par les lampadaires extérieurs. Mes pantoufles raclent les carreaux et mes mains courent sur les murs blancs.

 

Je m’arrête puis fais danser mes doigts sur cette scène vierge. Je perçois les murmures des animaux profitant de l’absence du Soleil pour s’agiter alors que les humains dorment. Mon souffle se grandit et s’emporte avec mes sens. Les acrobates se démultiplient sur les parois et s’animent furieusement. Des musiques débutent et je les écoute. Les personnages chantent et se galvanisent par les rythmes frénétiques. Les mouvements deviennent déments et atteignent ce que je pense être leurs paroxysmes. A croire que mon corps s’est détaché de mon esprit. J’en oublie que j’en suis le spectateur immobile et victime. Cela me plait bien malgré tout.

 

Mon visage est joyeux et en redemande. Je me souviens des beaux spectacles que j’ai vu enfant. Ils n’ont plus la même saveur quand le monde grandit, mais dans cet instant je vis comme en enfance. L’émerveillement sans arrières pensées et toute l’innocence sans mesure de la réalité sont retrouvés. Je suis heureux et j’en veux encore.

 

Ils se déforment et frétillent avec aliénation. La mélodie s’enflamme tout comme mon cœur, puis les gestes s’entrechoquent. La magie éclate et je ferme mes yeux pour clore la représentation.

 

Je suis triste. Que s’est il passé ? J’essaie d’effacer la déception, mais je sens les larmes me venir. Pourquoi ? C’est juste un spectacle, rien d’autre. Où se cache le malheur ? Nulle part. Je me demande si je ne le crée pas. Trop de réflexion me rend mal et mauvais. Je choisis de ne plus y penser et de faire autre chose. J’ouvre mes yeux.

 

Je marche et mes charentaises me guident. Je patiente et écoute attentivement leurs conseils pour le chemin à suivre. Un chausson est très poli, serviable et encore mieux sait vous emmener n’importe où sans souci. Ou du moins chez soi.

 

Parvenu au salon, deux prunelles me fixent. J’angoisse et je vois si personne n’est à côté de moi. Bizarrement, mes charentaises deviennent muettes à ce moment. L’envie de pester après elle me passe vite à cause du regard jeté sur moi. Des sueurs froides sortent de mon enveloppe physique, je ne comprends pas. Le malaise m’envahit et la bête ne me quitte pas. Elle est sûrement nyctalope et ses yeux brillent comme un feu. La créature nocturne pousse un gémissement puis un cri. Je bondis contre le mur et ne bouge plus. Elle se dirige vers moi sans bruit audible avec son regard flamboyant. J’ai peur et je semble trembler. Mon corps m’abandonne et des sifflements résonnent dans mon crâne. Des sons de griffes tapées sur le parquet s’engouffrent dans le silence pesant qui n’est plus. Pire qu’une paix sonore, la marche devient rythmée par les armes. Mes sens sont fous et perdus, ma perception est l’égale de ma raison.

 

Son visage difforme s’affiche dans les restes putréfiés de mon âme agonisante. Mon oreille altérée par l’effroi et la chimie de mes choix illégaux me murmure un hurlement innommable. La réalité prend corps avec l’imaginaire, ou bien est-ce le contraire. Je ne me pose plus cette question car je dois faire face à la terreur, à ce monstre bien réel. Je ne souhaite plus qu’il... Je ne veux plus qu’il existe. Hors d’ici. L’homme est maître de sa rêverie. Il règne en Dieu dans son imaginaire et impose sa volonté. Dans la réalité, il est esclave de celle-ci. Des larmes coulent sur ma peau froide et mes peurs dégoulinent de mon âme maudite. Je me replis sur moi-même en suppliant toutes les puissances... Couché sur le sol avec le monstre s’approchant, mon esprit fait son choix.

 

Une lueur des cieux transcende mon âme chétive et un réflexe me pousse à saisir l’interrupteur de la lampe du buffet. Je vois mon chat vomir sur le tapis oriental.

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Commentaires
K
Pour ce texte je me suis inspiré de P.K. Dick et je commence le texte comme il a débuté le sien.
K
On m'a reproché de ne pas être assez déjanté dans ce texte. Quelques imperfections sur la forme... Le sentiment de perception exacerbé a été assez bien rendu dans la première partie. La chute n'est peu être pas assez travaillée. j'aurais pu faire une atmosphère plus pesante en seconde partie afin de rendre la fin plus abrupte qu'elle ne l'est actuellement.
L'antre de Kcid
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